Le Poème du mois de février

 Je vois

Mon enfant mon jour ma sauvegarde

Je vois, loin au fond des routes de tes yeux,

Les regards des enfants, qui furent sources

Vertes d’amour de vérité et de ciel :

Les enfants d’Oradour et les enfants d’Ukraine,

Je vois le printemps et leur rire et de leur rêve,

Le silence admirable de ces prunelles

Où montait lentement de matin de la terre.

 

Je vois les visages les maisons et les feuilles

Les paroles, l’ombre du chat jouant, les livres,

Je vois l’univers dont leur lumière

Plus pure que celle de dieu était formée.

Je vois les danses, la tristesse, l’espoir,

Les blessures, les caresses, je vois l’attente,

Le cortège tumultueux de soleil et de nuit

Dont ils eussent tissé le reflet

Lueur par lueur, bonheur par bonheur.

 

Loin au fond du chemin de tes yeux, je vois

Cette promesse sans nom, cette fraîcheur, et je vois,

Je ne veux pas, ne veux pas voir, mais je vois

La faim, le sang, le feu, l’épouvante,

La folie, le sang, la tombe, l’épouvante,

La faim, les bourreaux, le feu , la haine,

Le crime, les bourreaux, le crime, la haine,

Qui crevèrent les plus beaux, les plus tendres,

Les plus vastes, les plus justes regards du ciel .

 

 

G. E. Clancier – Terres de mémoire – Table ronde édit.