Poème de février 2020

A une grande douleur, succède un calme solennel

Les Nerfs ont un air compassé, de Tombes

Le cœur gourd se demande si c’est Lui, qui a souffert,

Et si c’était il y a des Siècles, ou Hier ?

 

Les Pieds, en automates, vont

Rigide ronde

Au Sol, à l’Air, à Tout

Désormais inattentifs,

Un contentement de Quartz, de Caillou

 

C’est l’heure de Plomb

Y survit-on, on s’en souvient

Comme des gens en proie au gel, se rappellent la Neige

D’abord- un frisson- puis la Torpeur- puis l’abandon.

 

 

After great pain, a formal feeling comes

The Nerves sit ceremonious, like Tombs

The stiff Heart questions was it He, that bore,

And Yesterday, or Centuries before?

 

The feet, mechanical, go round

Of Ground, or Air, or Ought

A Wooden way

Regardless grown,

A Quartz contentment, like a stone

 

This is the Hour of Lead

Remembered, if outlived,

As Freezing persons, recollect the Snow

First-Chill- then Stupor- then the letting go.

 

Emily Dickinson, Une âme en incandescence,

poème traduit et présenté par Claire Malroux. Editions José Corti.