Poème de janvier 2020
Je suis d’un pays de brume
Où le vent soliloque
Sur des landes engourdies
Un squelette de soleil
Arrimé dans les flaques
Revêt parfois nos rêves
Et un semblant de printemps
(j’ai vécu d’interminables nuits d’hiver
en compagnie d’un feu de brindilles)
Et je me plais si bien
Sur cette terre malmenée
-terre dérobée à la lumière,
terre enclose dans son silence-
où mon chien énumère
des plongeons de sarcelles.
Elle est venue un jour
Hâlant une lune vermeille
Et tenant dans sa main un soleil lactescent
« Viens, dit-elle
chez nous le feu est perpétuel »
Depuis lors
(un jour mon chien partit
hiberner sous les souches)
La pluie redoubla sur mon âtre
Mais jamais elle ne put s’empêcher de rêver
Aux âmes déliées
Sous la ferveur du vent nomade
Je viendrai un jour m’accouder à la seghia
Où boivent les chamelles.
Je viendrai chercher l’ahal (cour d’amour chez les Touaregs)
La douceur de son ilechan (voile noir des femmes touaregs)
Tahar Djaout (Algérie)