Poème d'octobre 2018
Lorsque viendra le printemps,
Si je suis déjà mort,
Ses fleurs fleuriront de la même manière
Et les arbres ne seront pas moins verts qu’au printemps passé
La réalité n’a pas besoin de moi.
J’éprouve une joie énorme
A la pensée que ma mort n’a aucune importance.
Si je savais que je dois mourir
Et que le printemps est pour après-demain,
Je serais content de ce qu’il soit pour après-demain.
Si c’est là son temps, quand viendrait-t-il sinon en son temps ?
J’aime que tout soit réel et que tout soit précis ;
Et je l’aime parce qu’il en serait ainsi même si je ne l’aimais pas.
C’est pourquoi si je meurs sur le champ, je meurs content,
Parce que tout est réel et tout est précis.
On peut, si l’on veut, prier en latin sur mon cercueil.
On peut, si l’on veut, danser et chanter tout autour.
Je n’ai pas de préférence pour un temps où je ne pourrai plus avoir de préférences.
Ce qui sera, quand cela sera, c’est cela qui sera ce qui est.
Fernando Pessoa