Poème d'avril 2017

Tout a fleuri

Dans les campagnes, les pommiers,

Les bleus titubant, les broussailles jaunes,

Et les coquelicots vivent dans l’herbe verte.

Le ciel qui ne s’éteint, l’air neuf

De chaque jour, le moindre scintillement,

Offrande d’un spacieux printemps.

Mon enclos seul est sans printemps.

Les maladies , les baisers fous

Se sont collés comme le lierre sur l’église

Aux croisées noires de ma vie

Et l’amour seul ne suffit pas, ni le sauvage

Ni le spacieux parfum du printemps.

Et que représentent pour toi en cet instant

La lumière effrénée, l’essor floral

De l’évidence, le chant vert

Des vertes feuilles, la présence

Du ciel avec sa coupe de fraîcheur ?

Ne me tourmente pas, ô printemps extérieur,

En dénouant dans mes bras le vin, la neige,

La corolle et le bouquet brisé de chagrins,

Donne-moi pour lors le sommeil des feuilles

Nocturnes, cette nuit où l’on rencontre

Les morts, les métaux, les racines

Et tant de printemps disparus

Qui se réveillent dans chaque printemps.

                                                                  Pablo Néruda