Poème du Mois d'Octobre
Dans les rues de la ville, il y a mon amour,
Peu importe où il va dans le temps divisé.
Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler.
Il ne se souvient plus qui au juste l'aima.
Il cherche son pareil dans le voeu des regards.
L'espace qu'il parcourt est ma fidélité.
Il dessine l'espoir et léger l'éconduit.
Il est prépondérant sans qu'il n'y prenne part.
Je vis au fond de lui comme une épave heureuse.
À son insu, ma solitude est son trésor.
Dans le grand méridien où s'inscrit mon essor,
Ma liberté le creuse.
Dans les rues de la ville, il y a mon amour.
Peu importe où il va dans le temps divisé,
Il n'est plus mon amour, chacun peut lui parler,
Il ne se souvient plus; qui au juste, l'aima, et l'éclaire de loin pour qu'il ne tombe pas ?
René Char