Inauguration de la salle René JALLE


Notre Cercle avait voulu, pour celle-ci, non seulement souligner l’action durable de René Jalle, mais aussi faire revivre l’homme, les qualités, la forte personnalité, l’ouverture d’esprit par lesquelles s’est exprimé son engagement. Et le fait est que tout au long des préparatifs comme le jour même, René Jalle aura été parmi nous. Au surplus, ce fut un grand plaisir pour nous d’accueillir deux de ses petits enfants, venus de Haute-Savoie.


L’exposition


Il nous entourait en quelque sorte. Tous les murs parlaient de lui avec cette exposition très complète et très regardée. Tout un pan de l’histoire du Cercle. D’une part les colos, d’autre part la troupe. Qui parmi les « anciens » de la rue Pastre ne se rappelle « La dame de l’aube »,   « La barque sans pêcheur »,  « Les gueux au paradis »,  « Le rendez-vous de Senlis » et tant d’autres succès qui virent le Cercle applaudi par des salles entières – car on jouait souvent à l’extérieur -  et lauréat de plusieurs concours nationaux de l’UFOLEA ?.  Tant de souvenirs… Le petit journal de la Vallée Verte…Et comment ne pas admirer les costumes que dessinait pour la troupe Maurice Meslier, employé chez Dior.


Une page d’histoire


. Ils sont quatre qui, à travers leur expérience personnelle, ont évoqué cette page de notre histoire.

Comédien professionnel ( il a appartenu au grand Magic Circus de Jérome Savary), François Borysse a fait ses débuts tout gamin à l’école de René Jalle et c’était rue Godeau et dans les villages du Drouais, puis rue Pastre. Jacques Fouquet qui a d’abord joué sous la direction de René Jalle puis l’a secondé avant de lui succéder lorsque celui-ci fut nommé dans les Vosges. Maurice Ravanne a joué mais aussi enseigné avec lui et a pu dessiner le double visage du pédagogue innovant et du théâtreux qui connaissait tout le répertoire français et étranger. Jean-Pierre Lesage, colon puis animateur à Habère-Poche puis proche parent pouvait à ce titre évoquer un chapitre moins connu de la vie de René Jalle : le stalag, l’évasion, l’homme de courage qui n’en parlait jamais.

Quatre  témoins privilégiés, donc. Sous des éclairages différents, des souvenirs précis, émaillés d’anecdotes dégustées avec gourmandise par un public qui n’a pas oublié « Vent frais, vent du matin », « Colchiques dans les prés » ou l’inusable Jeannot, vite repris dans la salle. Et puisqu’il s’agissait aussi de spectacle, des poèmes : Bernard Dimey, Prévert, Gaston Couté.

D’hier à aujourd’hui

Pour les organisateurs, ainsi que l’a rappelé Madeleine Robinet, qui présentait le programme, il s’agissait aussi de dire que l’élan impulsé par René Jalle n’a pas été perdu. Aujourd’hui, le théâtre reste l’un des fondamentaux de la rue Pastre et ses ateliers accueillent plusieurs dizaines de comédiens chevronnés ou en herbe.

C’est ainsi qu’après une intervention du groupe de poésie (Madeleine, Marie-Chantal, Françoise, Micheline) qui a lu deux textes pleins d’humour de René de Obaldia et Boris Vian, les jeunes ont interprété un amusant sketch, exercice de style et effet de surprise garanti ; avec Annaelle, Lucie, Héline, Emilie, Clément et Adrien  Après quoi, Yves Liébaut et Lucie, qui fait du théâtre depuis 8 ans au Cercle, allaient donner des visages et des éclats de voix à la scène de ménage, un texte fort bien vu – et fort bien interprété -  de Pierre Palmade.

L’inauguration

Trois allocutions ont consacré l’inauguration proprement dite.

Jean-Pierre Dubreuil, notre président, a plus particulièrement insisté sur le fait qu’hommage ainsi rendu à la mémoire de René Jalle, il reste à honorer celle de Pierre Orain, qui fut un très actif président de notre Cercle et pour lequel il a été demandé et promis, voici quatre ans, qu’une rue de la ville porterait son nom. Demande qui pour l’instant demeure en suspens.

Alain Fillon, maire de Luray est aussi le conseiller général de cette partie de Dreux où se trouve la rue Pastre. Il a dit en quelle estime sa commune tient notre association à laquelle elle apporte un concours modeste mais sincère.

Monsieur le Sous Préfet a dit combien il appréciait l’attachement de notre association aux valeurs de la République et aussi l’action que nous menons pour renforcer les liens entre des populations d’origines diverses.

Une autre raison de se trouver parmi nous : le souvenir de Maurice Viollette, notre fondateur et aussi, , l’homme politique et la confiance que Jean-Moulin mettait en lui aux heures les plus douloureuses de notre histoire.

Une réunion si bien commencée allait se poursuivre autour des verres puis d’un buffet organisé par l’équipe d’animation. Ce fut un moment très convivial, l’occasion de poursuivre, par des échanges en forme de retrouvailles, le plaisir parfois mêlé d’une pointe de nostalgie dd’une rencontre qui a répondu à l’attente des organisateurs – tant par son contenu que par la présence d’un public venu nombreux et qui n’a pas ménagé ses applaudissements.

A 20H.30, le rideau se levait à nouveau, cette fois pour une reprise par la troupe de la pièce de Labiche «  Les petites mains » dont nous parlons par ailleurs.


René Robinet


Quatre témoignages


François Borysse


Pour évoquer la mémoire de René Jalle je dois vous raconter ce qui est pour moi une belle histoire, puisqu’elle retrace d’abord des souvenirs d’enfance. Souvenirs d’école, l’école de la rue Godeau dans la classe de monsieur Jalle, vers l’âge de 11 ans, ça fait déjà pas mal d’années et je ne me souviens pas si en classe à l’époque on faisait des semaines de quatre jours ou quatre jours et demi !...Ce dont je me souviens, c’est du jour où il n’y avait pas d’école ; c’était le jeudi ! Et très souvent le jeudi, avec quelques copains de la classe, nous retrouvions monsieur Jalle  ici au Cercle ou à l’école Ferdinand Buisson où il habitait alors. Et là, plus question de grammaire, de géométrie ou de calcul mental ! René Jalle nous a donné très tôt le goût des activités artistiques et le plaisir de la vie communautaire. Et c’est ainsi que nous apprenions le jeu théâtral, la création de saynettes, la fabrication de marionnettes, le chant choral, pour réaliser des petits spectacles que nous venions jouer le dimanche à Dreux, mais aussi dans les environs. A Tréon. ;; A Bû… Jean-Pierre se souvient, malgré son jeune âge à l’époque, d’avoir vu un de nos spectacles. Bien d’autres petites salles dans les environs ont accueilli nos prestations juvéniles. Et comment allions-nous dans ces villages environnants ? Avec la 4 CV grenat ! Comme on était huit, inutile de vous dire qu’on était un peu serrés ! même si à l’époque on n’était pas épais. Heureusement, pour les costumes et les accessoires, il y avait la galerie sur le toit. J’exagère un peu, on n’était peut-être pas huit, mais on était nombreux, au moins 7 !...

Ça a duré quelque temps ; puis, à l’âge de 15 ans, René Jalle m’a « engagé » dans la troupe théâtrale du Cercle laïque dont il était le directeur. La promotion ! Car ici, je me retrouvais au milieu de comédiens chevronnés, Jacques Fouquet ici présent, sa femme Simone, Lucette et Maurice Papillon, Lucien Fisseau, Denise Michel, Christiane Gautier, et j’en oublie ; beaucoup.

Mon premier rôle dans la troupe était un jeune adolescent dans une pièce de Jean Anouilh en un acte : Humulus le muet ». J’avais le rôle d’Humulus, donc du muet ! Pour mon baptême des planches, c’était un peu frustrant. Mais à la fin de la pièce je finissais par retrouver la parole pour faire une déclaration d’amour à une jeune fille à bicyclette et d’était pas facile car moi aussi j’étais en bicyclette ! Et j’ai continué dans la troupe du Cercle.

Nous avions au répertoire une pièce nouvelle tous les ans et un nombre important de représentations. Ma mémoire est un peu défaillante pour ce qui est du titre de ces pièces dans lesquelles nous avions un réel succès. Une m’a beaucoup marqué, c’est « Les gueux au paradis », une sorte de farce ponctuée de chansons où on s’est bien amusés d’autant que d’autres joyeux drilles avaient entre temps rejoint la troupe. Une troupe que j’ai dû quitter quand j’ai été appelé sous les drapeaux remplir les obligations militaires et, là, devenir un homme de troupe…d’un autre genre.

Quand je suis revenu, les planches me manquaient. . Il m’avait communiqué le virus du théâtre, René Jalle ! Alors, je suis « monté » à Paris suivre les cours Florent, les cours Simon et me lancer dans la grande aventure théâtrale semée d’embûches en tous genres.

Des années plus tard, j’étais en tournée internationale dans la troupe de Jérôme Savary qui s’appelait alors « Le grand Magic Circus ». C’était en 1975, nous étions pour une semaine à Genève et je cavais que Monsieur et Madame Jalle avaient pris leur retraite et habitaient Annemasse, qui n’est pas très loin. Alors, un jour de relâche, je suis allé leur rendre visite, sans prévenir.

Je n’oublierai jamais la joie de Denise et René Jalle quand ils m’ont vu entrer. Bien sûr, j’ai déjeuné avec eux, l’après midi nous sommes allés à leur petit chalet de Burdiguin. Nous avons passé une journée formidable.

Le soir, je suis rentré à Genève, heureux de cette escapade sans me douter que c’était pour moi la dernière fois que je revoyais René Jalle puisqu’il a disparu brutalement quelques années après.

René Jalle était un homme profondément humain derrière ses airs bougons, un éducateur de la vie, à l’origine de tant d’initiatives généreuses pour le bien des enfants mais aussi des adultes et c’est avec un immense plaisir que j’ai que cette salle du Cercle où il a tant donné de sa personne, porterait désormais son nom.


Jacques Fouquet :


Je voudrais vous dire l’émotion que j’ai à me retrouver ici devant un public, après avoir passé plus de 25 ans à venir deux ou trois fois par semaine sur cette scène.

Tout d’abord en 1948, sur les conseils de René Robinet que je rencontrais sur le plan professionnel et pour discuter cinéma car en 1946, avec un ami parisien, nous avions créé le premier ciné-club de Dreux le premier contact avec René Jalle s’est établi au cours d’une répétition de la pièce « Le buveur émerveillé ». De là une relation franche, sympathique et je crois d’un intérêt partagé. Déjà, à l’époque, René Jalle avait inscrit le groupe théâtral au concours Ufolea de théâtre amateur. Nous sommes donc allés jouer au grand théâtre de Lille. René a aussi monté au même moment « Le grand Poucet » avec des décors remarquables de M. Cheviet père, puis en 1949 une très belle pièce, « La dame de l’aube » d’Alejandro Casona, un auteur espagnol du XVIIème siècle. René avait une très grande connaissance du répertoire théâtral. Devinant mon penchant il m’a proposé de ne pas jouer mais de participer avec lui à la mise en scène et de diriger toutes les répétitions. La pièce eut un grand succès et a surtout mis en place un noyau de participants qui a duré longtemps, en particulier avec Lucette et Maurice Papillon, Lucien Fisseau, Jean Cheviet et Simone Fouquet et quelques autres.

Nous avons continué de participer aux concours Ufolea. De plus, René Jalle était très connu et très estimé dans tout le département. Nous avons joué dans de nombreuses communes, quelquefois loin de Dreux. C’est avec le groupe théâtral que René Jalle a inauguré les spectacles devant le Beffroi, aux Rochelles et à Ste Eve.

Nous avons en particulier joué une pièce médiévale, « La farce des femmes qui font refondre leurs maris » avec comme interprètes un couple formé de René Jalle et Lucette Papillon, l’autre de Jacques et Simone Fouquet, Maurice Papillon étant le fondeur de maris. Avec cette pièce nous avons obtenu le premier prix au concours Ufolea à Evreux.

Pendant toutes ces années de collaboration, René Jalle a toujours montré une ouverture d’esprit et de renouveau selon la composition du groupe qui m’a profondément marqué et que j’ai essayé d’appliquer au mieux après son départ de Dreux.     Un peu avant, quand il était aux Buissons, il nous a adressé une de ses collaboratrices dont il avait deviné le talent, Charlie Beral. Avec elle nous avons eu un très grand succès dans « La locandiera » et «  La cuisine des anges », succès partagé par Maurice Ravanne et Maurice Bauchet.

Lorsque Madeleine Robinet m’a dit qu’il avait été décidé de donner à la salle de spectacle le nom de René Jalle, j’ai souscrit de tout mon cœur.

Je voudrais encore vous faire part d’un exemple et d’un souvenir que m’a laissé René, je crois en 1953. Monsieur Orain que je connaissais très bien a demandé à René Jalle de monter avec la Lyre druidique « L’arlésienne ». Le dirigeant et chef de la Lyre était monsieur Armand Cure Lang, un personnage très marqué à Dreux. René jouant un petit rôle a pris en mains la partie théâtrale et m’a confié le rôle principal partagé avec Yvonne Buisson, elle aussi membres fidèle du groupe.

A la première répétition avec l’orchestre, monsieur Lang a dit qu’il ne voyait pas la partie théâtre de cette façon. René, selon son habitude, a laissé parler, tête basse. Très concentré, il a dit qu’il jouerait ainsi ou pas du tout. La deuxième répétition avec la Lyre s’est déroulée comme l’avait prévu René Jalle et les deux représentations à la salle des fêtes se sont très bien passé avec des applaudissements mérités.

René Jalle, merci pour tout ce que tu nous as apporté à tous, pas seulement au groupe théâtral mais à tout le Cercle. Ton aura dans tous les domaines aura été je crois d’une grande importance dans l’histoire du Cercle.

En ton souvenir, je voudrais interpréter un poème que tu m’avais demandé pour la participation du groupe théâtral aux kermesses qui avaient lieu chaque année au Cercle


Maurice Ravanne


   Une chemise à carreaux aux manches retroussées, sur un pantalon de velours, de grosses lunettes, et pas toujours l’air commode, voilà comment je me souviens de René Jalle. Mais attention, ce faux grincheux cachait un humour dévastateur. Et puis, bien qu’il soit novateur dans la plupart des domaines qu’il abordait, il était d’une totale modestie.

    Je l’ai côtoyé pendant une bonne quinzaine d’années et, vivant et travaillant dans le même lieu, nous avons été intimes pendant au moins quatre ans. Eh bien, ce n’est que longtemps après sa mort que j’ai appris son passé d’évadé et son comportement héroïque pendant la guerre : il ne nous en avait jamais parlé.

    C’est à Saint Brévin, sans doute en 1950, que j’ai fait sa connaissance, ainsi qu’avec Denise et Claude qui n’était alors qu’un gamin. René et Denise étaient inséparables du couple Letourneur, instituteurs à Coltainville. Et je me souviens que Claude et Alain Letourneur, inséparables eux aussi, étaient de véritables virtuoses du pipeau. Bien sûr, on chantait beaucoup à la colo, Le chant du patronage, évidemment :

       

Chantons le patronage laïque

A Saint-Brévin l’on voit passer

Des enfants bien délurés           

Amis, à pleine voix chantons

Garçons et fillettes   

Chantons sa marche à la fois fière et pacifique

Portant haut la tête           

Chant d’amitié et d’espérance et de raison

On les admire et l’on dit       

De l’idéale République

« Voyez comme ils sont gentils »   

Nous serons les bons ouvriers

Et chacun répète           

Afin de nous y préparer

Leur chant favori           

Faisons ici régner la Justice et la Fraternité


Amusons nous de bon cœur           

En nous tenant par la main

Car la joie est en honneur           

Préparons des lendemains

Dans le patronage           

Libres des misères

Et c’est de notre âge               

Qu’ont connues nos pères

De joie faisons provision           

Pour y parvenir il faut

En même temps que de raison       

Faire résonner bien haut

Contre les orages que nous subirons.   

D’une voix bien claire, le chant du patro.


C’est vrai qu’il a l’air un peu ringard aujourd’hui, notre vieux chant du patro. Mais si vous écoutez bien les paroles, vous verrez qu’il reflète fidèlement nos valeurs d’aujourd’hui, ces valeurs de la République, de la solidarité, de la laïcité qui faisaient de René Jalle un modèle, un guide pour nous qui étions encore si jeunes.


Il y avait aussi au répertoire la chanson de Jeannot, véritable scie de la colo, que chacun se devait de connaître par cœur :

    Ma femme m’a donné cent sous (bis)

    Prends ce panier qui est au clou (bis)

    Vas me chercherd’la salade, de la viande,tout ensemble

    Jeannot, Jeannot, est parti sans dire un mot (bis) 

René Jalle ne chantait pas toujours très juste mais il connaissait la valeur éducative et socialisante du chant collectif. A Saint Brévin son préféré c’était le canon « Vent frais » :

    Vent frais, vent du matin

    Soulevant le sommet des grands pins

    Joie du vent courant

    Allons dans le grand vent. . .

Et ses colères étaient faciles à provoquer. Il suffisait à la fin du canon de remplacer «  le sommet des grands pins » par « la queue des p’tits lapins ».

Mais, chez René Jalle les colères ne duraient jamais longtemps et je suis même sûr que, la plupart du temps, elles étaient feintes.

En 1953, il ouvre Habère-Poche, en Haute Savoie. L’effectif tourne autour de la soixantaine, ce qui lui permet de mieux exprimer ses conceptions qu’à Saint Brévin avec ses deux centaines de colons. La colo devient une grande famille avec ses règles précises, toutes pensées dans l’intérêt de l’enfant.

A Habère-Poche, montagne oblige, on chante « Colchiques ». . . .

    Colchiques dans les prés fleurissent, fleurissent,

    Colchiques dans les prés, c’est la fin de l’été

    La feuille d’automne, emportée par le vent

    En rondes monotones tombe en tourbillonnant.

On édite un journal « La vallée verte » qui rapporte les comptes-rendus de découverte du milieu local : la fruitière, la scierie, la ferme d’élevage, la fenaison. . .

Homme de spectacle, René Jalle ne résiste pas au plaisir d’animer chaque soir, avec un moniteur, un castelet où la marionnette « Mimi Courgette » et son petit  frère racontent la journée de la colo avec ses incidents cocasses et les petits malheurs éventuels.

René et Denise savent s’entourer de collaborateurs fidèles et complémentaires dont plusieurs deviendront de véritables disciples pendant plusieurs années. Ce sont, entre autres, Micheline et Marcel Larsimon, Jeannette et Guy Lebray, Nicole Ravanne et moi-même.

En 1959 il n’acceptera la direction du préventorium des Buissons qu’à la condition de choisir ses collaborateurs, parmi les habitués de ses colos, évidemment. On retrouvera là, Jeannette et Guy Lebray, Claudine, la fiancée de Claude, Roberte Lhomme et Nicole et moi.

C’était pour nous, une décision difficile de quitter nos postes respectifs, Guy et Jeannette à la Gaudaine, Nicole et moi à Aunay-sous-Auneau pour se lancer dans l’aventure du Prévent, avec ses 200 gamins malades et socialement laissés pour compte, sans aucune garantie de retrouver les avantages abandonnés. Mais c’était pour travailler avec René Jalle, pour applique à une structure permanente les mêmes principes pédagogiques qu’à la colo. Nous en avons bavé mais personne n’a regretté sa décision.

On y chantait les mêmes chants de colo ; la petite coccinelle, par exemple :

        Coccinelle demoiselle bête à bon dieu

           Coccinelle demoiselle vole jusqu’aux cieux/

           Petit point blanc, elle attend

        Petit point rouge, elle bouge

        Petit point noir, coccinelle au revoir.

En 1964, les traitements de la primo infection tuberculeuse pouvant désormais être reçus à domicile grâce aux antibiotiques, le Prévent ferme et nous perdons René et Denise qui prennent la direction d’un petit établissement au Val d’Ajol, dans les Vosges. Nous irons les visiter souvent et pourrons constater que dans leurs nouvelles responsabilités, René et Denise restent totalement fidèles à leurs convictions et à leurs méthodes.

Après leur départ à la retraite c’est dans leur chère Haute Savoie qu’il faudra les visiter, dans leur chalet-bonbonnière d’Habère-Lullin, ou dans leur immeuble d’Annemasse, à l’entrée de leur toujours précieuse vallée verte. Et l’intérêt de René Jalle, à qui nous apportons périodiquement des nouvelles, ne faiblira jamais pour le Cercle Laïque, ses colos et son groupe Théâtral.


Jean-Pierre Lesage


Première rencontre avec René Jalle : début des années 50 à Saint Brévin, moniteur Maurice Ravanne. Kermesse avec inauguration d’un village : conseil municipal, fanfare, instruments de musique de bric et de broc. Souvenir chorale avec Mr POLVE.

1952 : Hôtel du Centre à Bû, dimanche après-midi spectacle par une troupe de Dreux dirigée par René JALLE, comprenant notamment François BORYSSE, Claude JALLE, Pierre et André BONJOUR. Comédiens presque plus nombreux que les spectateurs. Une poule sur un mur : seul souvenir.

1953 : Habère Poche première année. Chalet choisi par Monsieur JALLE soutenu dans sa tâche par le Maire de Dreux, Maurice VIOLLETTE, ardent militant de la Laïcité en général  et cu Cercle Laïque en particulier. Travaux. Décoration par Roger POSTAIRE. Journées bien remplies : fin de matinée : cure de santé, après déjeuner : sieste, le soir : veillée avec animations. Journal du séjour : Les Echos de la Vallée Verte, articles, poèmes, dessins faits par les colons. Mise en page, confection des stencils, tirage, reliure faits par les colons. Education au goût : introduction dans les repas de légumes inhabituels : souvenir des premiers fenouils. Jeux collectifs. Lors de mes séjours successifs de 1953 à 1956 puis lors d’un séjour comme moniteur : des personnages récurrents : Madame VIRLOUVET, cuisinière, Voltaire GIRARD, accompagnant des enfants de cheminots, Monsieur CHESNEL, menuisier, Professeur au collège Rotrou et au Centre d’apprentissage, Marguerite PAPILLON qui se fit construire un élégant petit chalet sur un terrain jouxtant celui de la colo et bien entendu : Denise  JALLE et Claude.

Dans les années 60 au Préventorium ou ma sœur Claudine est institutrice et va épouser Claude, je rencontre les RAVANNE, les LEBRAY et bien sûr les parents de Claude.

En 1961, lors du putsch des généraux, une manifestation était organisée dans le préau de l’école Saint Martin, déjà engagé je m’y suis rendu et y ai retrouvé René et quelques autres.

A partir de 1970, c’est au Grand Bornand, chez Claude et Claudine que nous revoyons régulièrement Mr et Mme JALLE, lors de nos séjours d’été et d’hiver. René n’a pas perdu le goût du théâtre et organisait des manifestations récréatives avec les enfants de la famille. Il s’intéressait de près à la politique nationale et nous échangions souvent sur tous les sujets de l’heure mais aussi parfois sur des sujets plus généraux. S’il avait souvent un avis péremptoire, il savait aussi écouter.

Son fils Claude avait dû hériter du gène du théâtre puisqu’il organisa au Grand Bornand des spectacles avec sa troupe : « le big Bornuche » d’ailleurs repris par le petit fils Louis ici présent. Dans son métier, comme son père Claude était curieux des nouveautés. Il s’engagea dans l’action municipale et une salle de spectacle de l’espace Grand Bo du Grand Bornand porte son nom. Ainsi, à 600 km d’intervalle, 2 salles porte le même nom de famille, celui des Jalle. Merci d’avoir choisi René pour nommer la salle où nous sommes, il le méritait bien.