Notre santé : Nous ne sommes pas les seuls acteurs
Ce ne fut peut-être pas l’affluence que le sujet et la qualité du plateau auraient mérité, Mais avec 100 personnes pour le film et près de 60 pour le colloque, le rendez-vous que donnent chaque année le Cercle laïque et les Débats drouais tient bien sa place au calendrier drouais.Le film « La maladie de Sachs » constituait une bonne introduction au colloque en ce sens qu’il décrit la médecine au quotidien sous ses deux éclairages : le médecin, les patients, le théâtre d’une vie dont les acteurs sont des hommes avec la diversité de leurs comportements, la dimension humaine du dossier, donc.
Notre santé, vaste sujet. En sommes-nous les acteurs et dans quelle mesure ? Oui sans aucun doute puisque notre hygiène de vie n’y est pas pour rien, et que dans ce domaine la prévention a un rôle primordial à jouer. Pour autant, nous sommes les pions d’un système économique, les produits d’un marché – le terme a été employé avec insistance. Au théâtre de notre santé nous sommes donc acteurs certes, mais nous ne sommes pas seuls dans la troupe. D’autant qu’il s’agit d’un domaine en constante évolution. « La médecine d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a 30 ans ».
Essentiel, le rôle de la prévention.
« Formation, éducation, transmission », maîtres-mots du Dr Saison (qui a fait beaucoup pour l’organisation de ce colloque). Importantes, les pathologies lourdes engendrées par notre comportement. Alcool, tabac, obésité (on apprend ainsi qu’un litre et demi de cocacola contient 32 morceaux de sucre).Le développement de la communication et Internet amènent le public à se responsabiliser.
Veiller sur sa santé, c’est aussi désengorger les salles d’attentes et les services spécialisés.
Dans ce domaine, « l’investissement dans la prévention est plus efficace que l’investissement dans les plateaux techniques » dira le Dr Martin, du Haut Conseil de santé publique, dont on n’a pas oublié les actions de prévention qu’il a menées dans notre ville. Son exposé historique a souligné comment à partir du moment où l’on s’est interrogé sur les causes de la maladie, prévention et médicalisation se sont opposé – on n’a pas raisonné chez les Anglo-Saxons comme chez nous – et comment s’était affirmée chez nous la notion d’éducation pour la santé
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La sécu
Reste que d’autres facteurs interviennent et d’abord le fait économique et ses conséquences sociales. Car « la santé est un marché » « elle reste une problématique de situation sociale » et « les pauvres sont en moins bonne santé »
Dans une intervention très engagée, pour ne pas dire offensive dont il a distribué le texte sous le titre « La médecine, un droit à défendre », le Dr Sopena a abordé le problème de la sécurité sociale, de son financement, de ses difficultés. « Il ne peut pas y avoir un bon système de santé dans une machine qui marche mal » La privatisation n’est pas une solution, plutôt le recours à l’emprunt.
Le Dr Sopena met en cause différents scandales : les tarifs des soins dentaires, les génériques sui, par exemple, sont en France 25% plus chers qu’aux Pays-Bas, les lobbies, les dépassements avec cette conséquence; la quantité grandissante de personnes qui renoncent à certains soins. Sur tous ces points, il se montrera extrêmement précis Et de faire observer qu’en Alsace-Lorraine, le système, différent du nôtre, hérité de l’époque allemande, coûte « beaucoup, beaucoup moins cher ».
Changer les choses dépend de choix politiques…
On demande médecins…
La pénurie de médecins : le sujet est revenu à plusieurs reprises. Les raisons en sont multiples et d’abord l’insuffisance aux conséquences prévisibles du numerus clausus. Celui-ci vient d’être relevé ; un peu, pas assez. Car les hôpitaux, nous dit-on, attirent les jeunes médecins en leur offrant des carrières plus attirantes que celles du généraliste.. D’où une situation qui va encore se dégrader. Car il faut treize ans pour former un médecin ». On se prépare un problème grave, le numerus clausus est le quart de ce qu’il faudrait pour répondre aux besoins ». lesquels ne vont faire qu’augmenter avec l’allongement de l’espérance de vie.
En outre, certaines régions sont plus attractives que d’autres sans qu’il soit vraiment possible d’instituer des mesures contraignantes. On voit par contre apparaître des formules nouvelles, des petites communes prendre des mesures pour recréer un bassin de vie avec un cabinet médical.
Bien d’autres précisions ont été apportées au fil des questions qui n’ont pas manqué et que nous ne saurions développer ici. Car ce fut une rencontre très riche, qui aurait pu se prolonger.
<internet et les multiples moyens de communication nous permettent désormais de nous responsabiliser ainsi qu’il nous l’a été rappelé. Chacun peut donc devenir acteur d’une santé qui lui est chère, la sienne. Sans pour autant perdre de vue les autres acteurs qui font de notre santé…un marché – et un dossier politique.
Le colloque avait été introduit par Jean-Marie Lioult (Saint-Etienne en Drouais) et par Jean-Pierre Dubreuil (Cercle laïque)
.Face à la pénurie, on recrute des médecins étrangers (Roumanie, Algérie notamment) qui ont été formés aux frais de leur pays d’origine. Ils représentent 24% des nouvelles installations, nous dit-on.
C’est ainsi qu’il y a en France plus de médecins Burkinabés qu’il n’y en a dans tout le Burkina Faso – une situation qui constitue un véritable scandale.
La profession se féminise et « les femmes sont souvent meilleures et plus attentives nous dit-on »
René Robinet