Colloque sur le handicap
Prendre de la hauteur
C’est bien entendu le documentaire de Christophe Bichet, « Vertiges », qui a donné le ton. Un très beau film, qui a su tout dire et le plus difficile, tout en excluant le pathos ; « Je ne voulais pas qu’on larmoie » dit Christophe. Très diminué par une « maladie orpheline » et en quelque sorte « en sursis », Christophe Bichet joint à l’acceptation la volonté de profiter au maximum des choses qu’il aime – et les exigences de l’escalade ne sont pas la pratique à laquelle on songerait en premier. De belles images, entrecoupées d’explications claires et sereines, une tranche de vie hors normes, vécue au maximum de lucidité et de force de caractère. Et cette sérénité, qui sans doute n’exclut pas des moments plus durs et touche doublement, s’est avérée présente pendant tout le colloque.
« Montrer nos compétences »
Le programme allait ensuite enchaîner des interventions généralement très concrètes, informations pratiques, conseils, revendications. La place nous manque évidemment pour entrer dans le détail de trois heures de propos parfois très denses. Il s’agissait (Montasser Jabrane,) des associations susceptibles d’apporter des solutions, se renseigner, savoir où. Les auditeurs savent désormais à qui s’adresser. Un champion handisport a exposé avec précision les aides importantes que peuvent obtenir les étudiants handicapés. David Marais, a rappelé les propositions faites par l’Ecologie-les verts, où il est membre de la commission handicap, pour une meilleure insertion des handicapés dans la ville..Et dans la salle, Martine qui siège au conseil municipal de Vernouillet a pu faire état des difficultés de financement Deux associatifs venus du Maroc ont fait le point des problèmes tels qu’ils se posent dans leur pays - qu’il s’agisse des institutions ou de la société elle-même. – et sur ce point, le Consul venu d’Orléans a acquiescé volontiers en exprimant le réel souci de son gouvernement de faire avancer les choses.
Mais à côté du concret, l’utile s’est très souvent exprimé en termes comportementaux : « La surprotection, ça ne marche pas » a pu dire Montasser qui insiste : « Pour se faire accepter, il faut montrer nos compétences et « Pour trouver du travail, il faut que ça vienne de nous ». Le sportif, lui, précise : « Mon entraîneur m’entraîne sans faire attention à mon handicap et je joue aussi avec des valides ». De Khalid Habouchi : « La souffrance commence quand on intériorise »
« Nous avons tous nos fragilités »
Une place de caractère plus général avait été faite auparavant à l’intervention du Dr Barry, psychiatre De l’estime de soi, thème de son exposé très écouté, il a donné la définition suivante : « Ma capacité à faire ce que je peux sans nuire à autrui, à insister quand je rencontre une difficulté, à pouvoir renoncer sans honte », ce dont le film de Christophe Bichet donne l’exemple. Et aussi : Nous avons tous nos fragilités et il s’agit de « se sentir digne d’être aimé, supporter de ne pas l’être » « Le handicap n’est pas constitutif de la personne. C’est un phénomène social, il met l’accent sur l’éthique d’une société. Tout peut être handicapant dans un environnement donné »
Présentée par Aïcha Jabrane (Les deux rives) la journée – dont on soulignera aussi l’accueil très cordial – s’est conclue par une intervention du consul du Maroc qui « croit en l’avenir et en l’homme » et pour qui, « presque toujours, l’être humain conserve une marge de manœuvre ». Il souhaite d’ailleurs que l’on continue à dénoncer les besoins lorsque les moyens ne sont pas à leur mesure.
Un intermède de rap et d’humour avait accompagné la pause-café.
Jean-¨Pierre Dubreuil (Cercle laïque), Raymonde Richard (Débats drouais) et Mohamed Bougafer (Viens), autres composantes du collectif « Vivre ensemble » dont l’exemple a été souligné à plusieurs reprises, ont pris la parole au terme de la journée. Une rencontre riche, chargée d’émotion certes mais pas seulement : il s’y est prononcé des paroles durables, elle aura été utile.
René Robinet