Le compte-rendu de Mr. Robinet

Un tournant de civilisation

Pour Martine Vivès (Cercle laïque), nous nous trouvons à un tournant de civilisation. Demain sera ce que nous en ferons. Dans le monde entier, un certain nombre de citoyens se prennent en charge  sans attendre qu’une solution soit préconisée par les Etats et ceci redonne sens à la vie collective. Il s’agit de ne pas se laisser grignoter par le pouvoir et le profit.

Luc Neveu (Débats drouais) un très intéressant historique du travail depuis le temps où les hommes se sont mis ensemble et ont appris à créer leurs outils. Ceci le conduit  à la question qui se pose aujourd’hui : comment le travail peut-il permettre de s’épanouir alors qu’il ne procure que la précarité et la souffrance ?

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Et, de Jean-Marie Lioult, de la paroisse de St Etienne en drouais, cette observation :  « être porteur de ce qui se fait plutôt que de ce qui ne va pas »

Pour sensibiliser l’assistance – et ce n’est pas une mauvaise idée-avec des images parlantes plutôt que des propos, les organisateurs ont ensuite présenté des séquences de deux films abordant deux aspects du programme : « On fait le ménage », illustration de la souffrance au travail, et un documentaire tourné dans une entreprise industrielle spécialisée dans la sous-traitance dans l’automobile et l’aviation, donc tout à fait performante bien que 80% de ses 550 salariés soient des handicapés.

Des insuffisances…

Sur certains points, ce colloque s’est montré très critique vis-à-vis des institutions :

La santé : Le manque de médecins du travail alors que les infirmières de santé au travail n’ont pas le même pouvoir de décision et que les pathologies augmentent. Pas de psychologues du travail. Directement évoquée : la souffrance du personnel de l’hôpital de Dreux.

L’emploi : Les demandeurs se heurtent au fait que les entrepreneurs hésitent à passer par les services de Pôle emploi qui a une structure administrative.

Mieux vivre au travail : Dans le remarquable exemple de Bretagne Ateliers, il saute aux yeux qu’il s’agit essentiellement de travailleurs handicapés et que l’attention se focalisait beaucoup sur leur adaptation à une productivité compétitive dans un secteur économique concurrentiel.

…et des notes positives

 Pour autant, il fallait, et on n’y a pas manqué, aller plus loin que ces impressions générales dans les analyses des trois rapporteurs pour voir en quoi ce colloque s’attache à provoquer des réflexions et mettre en lumière des pistes différentes.

Les médecins du travail, les Drs Pierre-Marie Moyne et Marie-Lucie Hadjadj ont utilement rappelé à leur auditoire que tout salarié peut saisir directement l’Inspection du travail e que celle-ci est soumise au secret professionnel.

Pour les demandeurs d’emploi, la solution passe par la présence d’une personne accompagnante qui mène une stratégie de prospection et amène le demandeur à aller au-delà de ce qu’il sait faire. En quelque sorte, jouer les passeurs. Une démarche active, donc. Et, pour ceux qui veulent créer leur propre entreprise, il existe des « couveuses ».
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Leçon d’optimisme

On se déclarait pessimiste, pourtant, dans cet atelier animé par Louis Mercier,de Rennes qui par contre à la lumière de l’exemple de Bretagne Ateliers s’est voulu résolument optimiste (non sans conditions)  en ce sens que l’accent était mis sur l’adaptation de l’ouvrier à la tâche qui lui est confiée. Bien entendu, on insiste sur la motivation.

« La performance est à la portée de tout le monde » peut affirmer et répéter cette entreprise confrontée sur le marché à de grandes firmes « normales ».

On voit bien quel esprit préside à l’organisation interne et en quoi ce dossier dépasse le difficile cas particulier de l’accès au travail pour des handicapés. On part des individus pour recentrer la finalité del’entreprise.

    L’intervenant qui tenait ces propos, un ancien ingénieur de P.S.A., aujourd’hui bénévole de Bretagne Ateliers, a forcément été très écouté.

La rencontre s’est clôturée sur un débat parfois vif car il s’agit là de questions sensibles où les mots sont souvent différemment reçus. On n’a pas échappé à des comparaisons internationales qui séduisent parfois les uns et parfois grincer – et même plus – les autres.

La décroissance, bien entendu, a elle aussi fait parler d’elle.

Cette rencontre était la onzième que Cercle laïque et Débats drouais organisent ensemble. Gageons qu’il y en aura une douzième.


René Robinet            

Ils ont dit
  • Il est nécessaire de laisser des espaces de liberté
  • Redonner un sens à la vie collective
  • Les jeunes d’aujourd’hui auront  jusqu’à dix employeurs dans leur existence, d’où un problème de formation
  • Le numérique mène à la dépersonnalisation. Ce qui manque dans le monde du travail, c’est l’humain
  • On passe du travail bien fait à une diminution du prix de revient
  • L’économie doit s’adapter à l’homme, se battre pour
  • rompre l’isolement et défendre des valeurs