La Fiancée du poilu 01/15
C’est encore le cas avec « La fiancée du poilu », film « engagé » plus que « documentaire », élaboré avec soin pendant deux ans. La « grande » guerre, celle qui témoigne en effet de l’immensité de la petitesse humaine, il en est ici parlé en termes très avertis. Toutes les boucheries figurent, dénominations tristement célèbres, et aussi les propos par lesquels les généraux de l’époque justifiaient (« quelles que soient les pertes ») par avance la présence d’un mort par mètre carré de ces espaces ravagés. Une attaque parmi tant d’autres, 100.000 morts A l’évidence, Francis Lapeyre a étudié son sujet, y compris Craonne, y compris les « fusillés pour l’exemple ».
Il a construit son œuvre, à partir d’une anecdote dramatiquement banale : des fiançailles, des lettres qui s’échangent pendant quatre ans – l’insoutenable attente, l’horreur du quotidien. Et puis, pas bien longtemps avant le cessez-le-feu, avant la délivrance, avant la vie…
Rapidement mené, le film souligne bien, à partir de « la fleur au fusil » la brutalité de l’engrenage. Discours, commentaires accusateurs, se succèdent tandis que les combattants deviennent d’anonymes silhouettes et que des personnages aux allures de pantins viennent nous dire ce qu’ils en pensent.
Du beau travail, très personnels, lentement muri : « La fiancée du poilu » a profondément touché le (petit) public qui, ce dimanche, avait cru bon (et ne l’a pas regretté) de se déplacer. Car les questions n’ont pas manqué et c’est longuement que la rencontre s’est prolongée ensuite autour des verres de l’amitié.