Colloque 2015 Mettre l'argent au service de l'homme
« Mettre l’argent au service de l’homme ». Ouvrant par ces mots,le colloque que nous organisons chaque année ensemble, Raymonde Richard (Débats drouais) ayant à ses côtés Martine Vivès (Cercle laïque),s’est montrée très ferme. Face à la profonde mutation d’une société, à la dérive dont nous sommes les pions nous devons, nous pouvons agir.
Plus de 60 participants et une dizaine d’intervenants tout à fait qualifiés pour répondre à leurs questions, les inviter à se mobiliser, leur donner des pistes : une journée à l’image de l’intérêt que le sujet suscite. Ce colloque laissera des traces.
Discount : un financement participatif
Il avait été introduit le jeudi précédent avec deux projections de l’excellent film Discount, prix du public au festival d’Angoulème, dont le thème lui-même trouve des échos dans le public. Un film « engagé ».Le réalisateur et la productrice n’ont pu en assurer la post-production que grâce à un financement participatif : 184 personnes lui ont ainsi procuré plus de 25.OOO Euros.
On ne pouvait trouver (140 entrées) meilleure entrée en matière pour le rendez-vous du samedi suivant.
Comment agir ?
Un programme très ouvert, la volonté affirmée d’en appeler à l’esprit solidaire, coopératif, l’illustration par des exemples proches, des possibilités qui se présentent de « mettre l’argent au service de l’homme », avec l’intention de convaincre, d’inciter (par exemple) les citoyens aux prises avec les milieux bancaires à s’affirmer. « Osez poser des questions dans les assemblées générales ».Dans la salle, on a beaucoup écouté, commenté. On s’est étonné aussi que certaines banques ignorent (ou veulent-elles ignorer ?) les placements dans des organismes solidaires.
La foi du militant s’appuyait sur la compétence. On l’a mesuré tout de suite et que les propos de M. Forveille et les témoignages de M. Messanges, leur conviction affirmée, devaient beaucoup à leur parcours et à leur expérience personnelle, à la solidité de leur dossier. Avec des mots justes, ils parlaient pour faire comprendre – et proposer des solutions.
Quelques exemples locaux pour fixer les idées
.
L’amap (association pour le maintien de l’agriculture paysanne. Damien Leroy, producteur à Voves, a obtenu des financements solidaires. Ils lui ont permis de fournir l’Amap Chartres. Il existe à Dreux une Amap fournie par Benjamin Soulard, du Boullay Mivoie. Elle rencontre ses abonnés (une cinquantaine) dans nos locaux, 19 rue Pastre.
Le SEL(Service d’échange libre) animé à Dreux par Mohamed Bougafer. Il développe un système d’échanges non financiarisés. Il compte 150 adhérents
l’A.E.T. Association Entreprendre Travailler) de M. Desprez,structure classique (SMIC et les 35 heures), permettant à des personnes ayant des problèmes, l’âge, ou autres, de rentrer sur le marché. L’accent est mis sur les femmes en difficulté. L’A.E.T. reçoit quelque 250 demandes par mois, ce qui permet de mesurer l’étendue des besoins
A travers toute une gamme d’organismes ayant chacun sa spécificité, l’Economie Sociale et Solidaire, bien mieux implantée qu’on ne le croit parfois (10% de l’économie mondiale), peut s’appliquer aux domaines les plus divers. Encore faut-il les connaître. Les possibilités qu’ils offrent ont été largement détaillées. Sur ce point, nous renvoyons les personnes intéressées à la compétence de Luc Neveu, qui participait à cette réflexion collective. Car ces paroles ne seront certainement pas perdues. Une au moins s’est clairement exprimée.
Parmi les nombreuses initiatives qui se sont développée ici et là dans cet esprit, on citera la monnaie locale. Elle a le mérite de soutenir l’économie locale. (Il s’en est créé une à Dreux voici deux ans. Elle n’a pas trouvé sa place).
La solidarité à l’échelle mondiale
On a mesuré l’importance dans cette journée des attentes d’un public local et des exemples locaux. Pour autant, les interventions solidaires internationales n’ont pas été tenues à l’écart, avec la présence et l’exposé de M. Laurent Chéreau, qui a développé les interventions de la Société internationale de développement et d’investissement) dans différents pays sahéliens, ainsi que dans les pays andins et en Palestine grâce à des financements solidaires..
Gouvernance et choix politiques
Les bonnes intentions se heurtent certes à une réalité : la situation pose, entre autres, des problèmes de gouvernance Et M. Messanges n’a pas manqué d’insister sur le caractère politique des choix. Et aussi : « Il serait souhaitable que le capitalisme reprenne la main sur les produits financiers » , lesquels bien entendu, ont été dénoncés avec insistance.
L’instabilité des marchés empêche de déterminer le seuil d’endettement raisonnable. Or, il n’existe aucune gouvernance mondiale. Dans ces conditions, nous ne pouvons rester isolés. « Face au dollar, la seule monnaie qui puisse résister est une monnaie européenne »
Pour autant, des moyens existent, et la société civile doit se bouger. D’un placement solidaire, elle ne doit pas attendre un miracle financier, c’est l’esprit solidaire qui doit prévaloir : il a des possibilités de se mettre en route (et il en est grand temps). A l’horizon, entre deux nuages : la société humaniste..
René Robinet