Café-poésie au "Petit creux" : Yves Bonnefoy à l'affiche
La poésie a pour devoir de ne jamais s’attarder dans son cocon, de savoir dépasser ses habitudes, s’aventurer.
Ainsi le café-poésie de la rue Pastre a-t-il, ce samedi 10, posé ses recueils et ses vers en flagrant délit de vagabondage rue Rotrou dans la salle, désertée l’après-midi, du P’tit creux.
A la dimension du groupe – la vingtaine de personnes -, les lieux, sympathiques, ont joué un rôle d’accueil auquel les restaurateurs avaient ajouté une touche d’amicale bienvenue.
Délocalisé, notre café-poésie n’a pas modifié ses habitudes. Pour la première partie, le choix s’était fixé sur une reprise de l’affiche de notre tout premier rendez-vous : Yves Bonnefoy, avec un texte remanié, plus étoffé, abondamment illustré d’extraits, notamment des « Planches courbes » qui compte de très belles, d’inoubliables pages, , du « Leurre du seuil », avec sa Haute-Provence, son fleuve et cette maison « où nous n’entendions que respirer la terre », de « Pierre écrite » et ses pierres partenaires à temps complet de l’univers de Bonnefoy et qui prennent ici la parole. Une poésie « faite pour être vécue dans les moments les plus intenses et les plus ordinaires de la vie. C’est d’ailleurs la même chose ». Un univers d’arbres, de nuages, de pluie d’été, avec le fleuve, le ciel, pour essayer de retrouver les premières émotions de l’enfance – pour s’efforcer de les dire, sans les trahir. On ne lit jamais Bonnefoy sans tenter cette impossible démarche. On en voit bien aussi la dimension : « Ecrire, c’est une façon de se souvenir de soi-même ». Une invitation…
Comme toujours, la seconde partie aura permis aux uns et aux autres de lire leurs propres textes ou des textes d’auteurs. Pour les animateurs du café-poésie, une satisfaction réelle provient de ce que la plupart des auditeurs amènent des textes d’auteurs qu’ils ont aimé. Nous avons également profité de cette rencontre pour faire connaître un auteur drouais qui ne manque pas de talent et dont lecture a été faite des pages d’entrée. Il s’agit de Cyril Dion et de son « Assis sur le fil » publié à la Table ronde. Marie Poumarat, de son côté, nous avait envoyé un très beau texte d’Andrée Chédid en rapport avec les évènements.
Une réunion bien remplie. Pour un certain nombre, elle allait (mais ce n’était pas une obligation) se poursuivre autour d’un excellent couscous, partagé dans ce climat d’amitié qu’à l’aube de sa cinquième saison, notre café-poésie a su créer. Pour lui-même et ses fidèles, toujours plus nombreux. Et pour la poésie.
R.R.