Taï-chi Chuan et thérapies alternatives

 

Académie nationale de Médecine

Définitivement complémentaires, rappelle l’Académie nationale de Médecine. Acupuncture, hypnose, ostéopathie, tai-chi, des pratiques de plus en plus populaires au point qu’aujourd’hui, près de 4 français sur 10 y font appel, dont des patients atteints de cancer. Pourtant, ce ne sont pas des "médecines", mais des techniques de traitement pouvant intervenir en complément de la thérapeutique médicale proprement dite, précise encore l’Académie de Médecine. Un recours à ces thérapies doit donc rester conditionné à un diagnostic ou un avis médical et, faute de preuves scientifiques suffisantes à l’heure actuelle, ne doit pas être accepté comme traitement de première intention.

Ces techniques autrefois plutôt pratiquées en secteur libéral, ont aujourd'hui trouvé « leur place » à l’hôpital. Ainsi, l’Académie recommande, en particulier, à l’adresse des hôpitaux et établissements de soins, que ces thérapies restent soumises à recensement, avis médical motivé, si possible réservées aux patients médicalement suivis, exercées par des professionnels de santé et sous contrôle médical, et évaluées régulièrement. Face à l’absence de données sur leur efficacité et leurs éventuels effets indésirables, l’Académie engage également les établissements à évaluer les résultats de ces traitements complémentaires dans le cadre d’essais cliniques, uni ou multicentriques. Ainsi, l’hôpital pourrait devenir un lieu d’évaluation privilégié, contribuant à terme à l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques destiné à tous les intervenants publics ou privés.

Les intégrer au programme des études médicales : Cependant, ces thérapies complémentaires pourraient aussi trouver leur place, avec leurs effets bénéfiques mais aussi leurs limites et leurs dangers dans le programme des études médicales, et dans le cadre des programmes de recherche hospitalo-universitaires afin de permettre, a minima, aux futurs praticiens de pouvoir répondre à leurs patients.

Réunir les données scientifiques : Globalement, face à l’engouement croissant vis-à-vis de ces thérapies non médicamenteuses, il s’agit de constituer peu à peu une base d’information scientifique et du public dont la mise à jour et l’évaluation des bonnes pratiques seraient assurées par la Haute Autorité de santé (HAS). Car si les études se multiplient sur l’acupuncture, l’hypnose, le tai-chi ou l’ostéopathie, leurs résultats restent très contradictoires. La nature même de ces pratiques rend difficile une évaluation irréprochable du bénéfice apporté qui varie en fonction de l’expérience et l’attention apportée par l’opérateur et la confiance qu’il inspire au patient. Dans quelle mesure l’effet placebo, est-il, à prendre en considération dans l’évaluation de ces pratiques ?

Des thérapies qui doivent définitivement rester complémentaires dans l’esprit de l’Académie puisqu’elle déconseille toute création d’un label ou d’un statut de praticien de thérapie complémentaire.

Source : Académie de Médecine THÉRAPIES COMPLÉMENTAIRES - acupuncture, hypnose, ostéopathie, tai-chi - leur place parmi les ressources de soins (Visuel © Jeanette Dietl - Fotolia.com)

Le TAI-CHI, redonne du cœur et assouplit les artères des personnes âgées

Actualité publiée le 06-04-2012

European Journal of Preventive Cardiology

Cette étude menée par des chercheurs de l'Université polytechnique de Hong Kong et de l'Université de l'Illinois, sur la santé cardiaque des personnes âgées qui ont fait du tai-chi montre, à nouveau, que cet art ancien, très populaire en Extrême-Orient, peut stimuler le cœur des seniors. Cet exercice lent de plus en plus pratiqué à travers le monde renforce aussi équilibre, force et souplesse.

L’étude révèle que les personnes âgées qui pratiquent le tai-chi régulièrement ont aussi des artères plus « élastiques », une force musculaire plus élevée dans les genoux. Alors qu’avec le vieillissement, les artères perdent naturellement de leur élasticité, le tai-chi apporte une plus grande compliance artérielle, associée à une meilleure santé circulatoire.

Les chercheurs ont examiné l’association entre la pratique du tai chi, la compliance artérielle et la force musculaire. La compliance artérielle est une mesure de la façon dont les artères se dilatent et se contractent en réponse au flux sanguin. La rigidité artérielle est étroitement associée à des maladies cardio-vasculaires comme l'hypertension artérielle, les AVC et autres maladies cardiaques. L’aérobie a déjà été associé à une réduction de la rigidité artérielle chez les personnes âgées, mais de récentes recherches l’ont suggéré sans effet significatif sur la force musculaire. Ce qui serait l’idéal, disent les chercheurs, serait une forme d'exercice qui améliore à la fois l'élasticité artérielle et la force musculaire. La force musculaire est un atout important chez les personnes âgées pour améliorer la stabilité et contribuer à prévenir les chutes.

Les chercheurs ont recruté à Hong Kong 65 personnes âgées en moyenne de près de 78 ans. 29 des participants (9 hommes et 20 femmes) ont été recrutés dans des clubs locaux de tai chi et pratiquaient le tai-chi un minimum de 1,5 heures par semaine depuis au moins trois ans. 6 autres hommes et 30 femmes ont été recrutés dans les centres de personnes âgées et n'avaient aucune expérience antérieure du tai-chi, mais pratiquaient des activités physiques d’intensité légère telles que des promenades ou randonnées. Les chercheurs ont relevé les mesures de taille, de poids et d’indice de masse corporelle (IMC), renseigné la pratique de l’activité physique pour classer les participants en 3 niveaux différents d'activité physique habituelle, légère, modérée et intensive. Un «système de profilage cardiovasculaire» combinant des mesures du pouls, pression artérielle et des mesures échographiques, a également permis de mesurer la compliance artérielle chez les participants. La force musculaire -forces concentrique et excentrique- dans le genou a également été évaluée par une machine spécialisée.

A l’analyse, le tai chi démontre son effet bénéfique sur tous les tableaux étudiés :

  •          Sur la santé artérielle,
  •          et sur la force musculaire excentrique (mais pas sur la force musculaire concentrique) des muscles du genou.
  •          Sur la pression artérielle : 61% des sujets témoins avaient une pression artérielle plus élevée que le groupe tai chi (38%).
  •          Sur l’IMC : Les témoins présentaient un  IMC significativement plus élevé que le groupe tai chi.

Le tai-chi est donc un exercice physique adapté pour les personnes âgées qui souhaitent améliorer à la fois leur fonction cardiovasculaire, avec un effet également sur la compliance artérielle, et leur force musculaire.

Source: European Journal of Preventive Cardiology, April 4 2012 doi: 10.1177/2047487312443483  Tai Chi, arterial compliance, and muscle strength in older adults. (Visuel NHS)

INSUFFISANCE CARDIAQUE: Le tai-chi, bon pour la qualité de vie, l'humeur et l'auto efficacité


Actualité publiée le 26-04-2011

Archives of Internal Medicine

La pratique du tai-chi peut améliorer la qualité de vie chez les patients souffrant d'insuffisance cardiaque. Mais cet ancien exercice chinois de méditation, peut non seulement améliorer la qualité de vie, mais aussi l'humeur et l'auto-efficacité chez les patients souffrant d'insuffisance cardiaque, selon cette recherche menée par une équipe de Beth Israel Deaconess Medical Center et publiée dans l'édition du 25 avril des Archives of Internal Medicine.

6 minutes de tai-chi mieux qu’une marche de 6 minutes apportent des améliorations significatives de l'humeur des patients atteints d'insuffisance cardiaque chronique, selon les résultats obtenus par des tests normalisés: "Le tai-chi semble être une alternative sûre à l'exercice physique d’intensité faible à modérée classique chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque», résume le Pr. Gloria Yeh, professeur de médecine à la Harvard Medical School. "Le tai chi est sûr et bénéficie d’un bon taux d'adhésion des patients et peut apporter beaucoup de bénéfices dans la qualité de vie, l'auto-efficacité et de l'humeur des patients atteints d’insuffisance cardiaque systolique."

Cet exercice Chinois composé de mouvements fluides circulaire, d’exercices d'équilibre et de déplacement du poids, de techniques de respiration et de concentration interne est déjà suggéré et conseillé dans le contexte de nombreux problèmes médicaux dont l'hypertension, les troubles musculo-squelettiques ou la fibromyalgie. L'incapacité du coeur à fournir un débit sanguin suffisant dans l'insuffisance cardiaque chronique a pour symptômes l'essoufflement, la toux, la congestion veineuse chronique, le gonflement des chevilles, et l’intolérance à l'effort, des symptômes qui peuvent être considérablement soulagés par la pratique des mouvements et des exercices du tai-chi.

Pour étudier les effets du tai chi, les médecins ont recruté 100 patients, qui ont pratiqué le tai-chi et ont été comparés avec un groupe témoin. Sur la base d’échelles standard, les chercheurs constatent une augmentation significative des améliorations dans la qualité de vie, l'humeur et les états émotionnels des patients ayant pratiqué le tai chi.

"Le tai chi est un complément aux soins médicaux standard. Parce que l'insuffisance cardiaque chronique est une maladie progressive et invalidante, l’incidence sur la qualité de vie perçue du patient est un bénéfice de plus en plus apprécié. L’amélioration de l'humeur sur cette population de patients est primordiale."

Source: Arch Intern Med. 2011;171(8):750-757. doi:10.1001/archinternmed.2011.150 “Tai Chi Exercise in Patients With Chronic Heart Failure

PRÉVENTION des CHUTES des personnes âgées : La pratique du tai-chi recommandée

Actualité publiée le 17-01-2011

Journal of the American Geriatrics Society

Prévenir les chutes chez les personnes âgées, par la pratique du tai-chi, c’est la nouveauté des dernières recommandations de l’American et British Geriatrics Societies qui citent cette pratique comme un exemple d'exercice d’équilibre, de mouvement et d’énergie, mais aussi la conclusion scientifique d’une métaanalyse menée par ces 2 sociétés savantes et publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society.

Selon l’OMS, ce sont bien entendu, les adultes âgés de plus de 65 ans qui subissent le plus grand nombre de chutes mortelles. Dans le monde, chaque année, 37,3 millions chutes seraient assez graves pour nécessiter des soins médicaux. L’OMS confirme la nécessité de véritables stratégies de prévention devant mettre l'accent sur l’éducation des personnes âgées et de leurs proches, la formation, la création d'environnements plus sûrs et même le développement de la recherche liée aux chutes.

Evidemment ces recommandations incluent l’attention à apporter à d’autres facteurs de chute chez les personnes âgées. En particulier, dans cette optique de prévention des chutes, médecins et autres professionnels de santé doivent évaluer la santé cardiaque, neurologique, la santé des pieds, les traitements en cours ou encore le cadre de vie, la mobilité, la force et l’équilibre de la personne âgée. Enfin, les personnes âgées qui ne sont pas habituées à exercer une activité physique régulière, doivent, avant de commencer la pratique du tai-chi, consulter leur médecin au sujet des activités physiques adaptés à leur état de santé.

Un travail d’équipe multidisciplinaire: Ces directives originales sont nées de la nécessité de mettre à jour des recommandations datant, pour les Etats-Unis et le Royaume-Uni, de 2001. Ces nouvelles recommandations ont été rédigées par un groupe d'experts comprenant des kinésithérapeutes, pharmaciens, infirmières et experts en orthopédie, soignants à domicile, professionnels de la médecine d'urgence et… des patients âgés. Ces experts ont analysé l’ensemble des études de cohorte publiées. Ils se sont tout particulièrement intéressés aux études portant sur des moyens non médicamenteux pour prévenir les chutes en dehors des hôpitaux.

Le groupe recommande:

  •          Que les personnes âgées suivies par un professionnel de santé soient interrogées au moins une fois par an sur leurs chutes et leur fréquence et sur leurs difficultés de marche ou d'équilibre.
  •          Que toutes les interventions pour prévenir les chutes comportent un volet exercice qui inclut l'équilibre, la marche et l'entraînement de la force comme le tai-chi, soit dans le cadre de programmes de groupe ou de programmes individuels à la maison.
  •          le tai-chi en raison de nouvelles données montrant que ce type d'exercice est particulièrement bénéfique pour la prévention des chutes. Une revue Cochrane écrite en 2009 a effectué une méta-analyse de 4 essais et conclue que la pratique du Tai-Chi réduit le risque de chute de 35% par rapport aux témoins (rapport de risque RR 0,65, IC 95% 0,51 à 0,82).

Ces recommandations axées ici sur l’exercice physique englobent également la réduction des traitements médicamenteux, l’évaluation et le traitement de l'hypotension artérielle, la prise de vitamine D, l’entretien et le soin des pieds…

Source: Journal of the American Geriatrics Society. First published online: January 13 Panel on Prevention of Falls in Older Persons, American Geriatrics Society and British Geriatrics SocietySummary of the Updated American Geriatrics Society/British Geriatrics Society Clinical Practice Guideline for Prevention of Falls in Older Persons.”, traduction, mise en ligne Maurice